Une fuite vers la liberté…
ou un nouveau piège ?
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« Résilience» : L’Alchimie de Mon Chemin
L’illusion du départ : Une échappatoire qui devient un piège
Contrairement aux émotions, qui sont brèves et instantanées, les sentiments sont des états plus stables et durables. Ils naissent des émotions, mais s’ancrent et se prolongent dans le temps. Tandis que les émotions jaillissent spontanément en réponse à des situations immédiates, les sentiments résultent de la manière dont nous traitons, analysons, et nourrissons ces émotions. Ils deviennent alors des expériences prolongées qui influencent nos perceptions, nos croyances et notre comportement à long terme.
L’engrenage de la violence
Les premiers signes sont apparus progressivement. D’abord subtils, presque anodins.
Une réflexion cinglante, une critique sous couvert d’humour, un comportement imprévisible…
Puis un jour, tout a basculé.
Il m’a forcée.
Ce jour-là, quelque chose en moi s’est brisé. Un viol, une humiliation.
Mais à ce moment-là, je n’avais pas les mots pour le nommer ainsi. Je ne pouvais pas.
J’ai enfermé cet instant dans un recoin de mon esprit, le minimisant, le rendant presque flou. Pendant 10 ans, je n’ai pas voulu voir la réalité. Pendant 10 ans, je n’ai pas pu dire ce mot : viol.
Ce n’est qu’avec le temps, le recul et le travail sur moi que j’ai compris.
Ce n’était pas un acte normal, ce n’était pas un simple moment désagréable.
C’était une agression, un non-consentement absolu, un dégoût que j’avais nié pour pouvoir avancer.
Un acte qui ne laissait plus place au doute : ce que je vivais n’était pas normal. Mais à ce moment-là, je ne savais pas comment réagir, ni comment fuir. J’étais prise au piège.
Et puis, il y a eu les coups.
Je me souviens de ce fameux soir où je me suis retrouvée au sol, recroquevillée sur moi-même, les bras en protection autour de ma tête pour éviter les coups de pied. Il portait de grosses chaussures. Je sentais l’impact à travers mon corps, la douleur, l’impuissance. Mon cœur battait à tout rompre, ma respiration était saccadée. Mais plus que la douleur physique, c’était l’effroi qui me paralysait.
Entre-temps, l’alcool était devenu son quotidien. Il buvait, accumulait des dettes, creusant un gouffre financier dans lequel je me retrouvais entraînée malgré moi. Chaque jour, je me sentais un peu plus prisonnière. Piégée dans cette relation où la peur avait remplacé toute illusion d’amour.
Plus les jours passaient, plus je disparaissais.
Je n’étais plus une personne, juste une présence silencieuse dans l’ombre de sa vie.

La prise de conscience et la décision de partir
Je ne saurais dire quel a été le déclic exact, mais il est venu.
Peut-être était-ce l’instinct de survie, ce murmure intérieur qui me répétait que je ne pouvais plus continuer ainsi. Peut-être était-ce la certitude que si je restais, il finirait par me détruire totalement.
J’ai pris la décision de partir. J’ai choisi de fuir.
Je suis retournée chez mes parents, mais le soulagement espéré n’est jamais venu.
Mon père n’a pas tardé à me faire sentir le poids de ma décision. Ce sont eux qui avaient dû régler les dettes laissées derrière moi, que j’ai remboursé au fur et à mesure. Chaque réflexion, chaque remarque était un rappel constant de ce fardeau. Je portais la culpabilité en silence.
Ce que je ne savais pas encore, c’est que cette fuite n’était pas une vraie libération.
Si j’avais quitté la violence physique, je n’avais pas encore guéri ses empreintes.
Les blessures, les peurs, les schémas étaient toujours là, tapis dans l’ombre.
Je pensais être libre. Mais ce n’était que le début du chemin.
Et après ?
Ce chapitre est une première cassure, le point de départ d’un long cheminement.
Mais ce n’était que la première répétition d’un schéma qui allait encore se reproduire avant que je ne comprenne réellement ce qui m’enchaînait.
Fuir ne signifie pas être libre.
Pourquoi reste-t-on dans une relation toxique ? Comment l’emprise et la dissociation nous enferment-elles ?
Si tu veux mieux comprendre les mécanismes à l’œuvre, je t’invite à lire l’analyse de ce chapitre.
À suivre : Résilience – Analyse Chapitre 1 – Comprendre avant de guérir
Avec lumière et sagesse,
© Sandrine Lumière
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En lisant ce vécu, cela me fait obligatoirement penser à ce que j’ai moi-même vécu, à savoir un viol par attouchements sexuels vers mon enfance (j’avais 6 ou 8 ans) par un oncle âgé de 15 ans ;
Puis ressentir les blessures d’humiliation et de trahison et d’incompréhension aussi bien plus tard vis-à-vis non pas de ce qu’il m’était arrivé dans mon enfance (car mis en résilience, au fin fond de ma grotte) mais quand j’étais en couple ; incompréhension de ce que me faisait subir mon compagnon psychologiquement par des mots dures genre “je vais te tuer et t’enterrer dans le jardin” (c’est un des exemples de phrases qui me balançaient avec dédain) dès qu’il buvait plus que de raison ; une autre fois, il m’avait obligée de dormir dehors sans manger
J’avais beau frappé à la porte voire à la porte fenêtre, il ne réagissait aucunement ; le lendemain frais et dispo il osait être étonné que je me retrouve dehors. Je lui racontais donc du pourquoi et lui comme réaction c’était de l’étonnement incapable de se rappeler de ses actes.
La trahison a été ressenti quand mes parents, avec l’aide de mon frère, ont consenti après discussion à m’héberger, je me suis sentie par mes propres parents humilié ;
C’est grâce à une rencontre d’âmes qui m’a ouvert les yeux et de là prendre à bras le corps mes blessures pour les guérir (gratitude à cette belle âme)
Merci pour ce partage, un morceau de ta vie, de ton histoire 😉